J’ai rêvé cette nuit que j’étais enceinte du petit cinquième. Je m’en rendais compte à cinq ou six mois de grossesse. Il s’était caché, tout en haut du ventre, couché sous mes côtes.
J’aurais dû être angoissée, stressée, par cette découverte. Mais, curieusement, j’éprouvais une toute autre sensation. Comme de la joie, du bonheur, à l’idée que j’allais faire encore un tout petit miracle.
C’est sans doute ce qui sera le plus dur dans l’idée de ne plus avoir d’enfant : renoncer à ce petit miracle.
On fait des enfants pour toutes sortes de raisons, des bonnes (?), des mauvaises, sans raison parfois. Parce qu’on se sent prêt, parce qu’on ne le sera jamais…
Moi, je crois que j’ai été tellement étonnée d’avoir pu faire ça, fabriquer une vie, à partir de presque rien…
Toutes mes connaissances scientifiques sur le développement de l’embryon, les chromosomes, l’ADN, les mitochondries qui viennent seulement de la mère… ne sont rien face à ce miracle.
Un peu comme une éclipse totale de soleil : on a beau savoir… C’est tout de même étrange, ça nous dépasse, à tout point de vue.
Cette sensation, cet étonnement, cette impossibilité à croire que c’est réel, jusqu’à la dernière minute. Jusqu’à ce qu’il soit là, ce petit miracle, jusqu’à ce qu’il soit né.
Bébé, si petit, si fragile et si vivant.
J’ai réussi quatre miracles. J’en ai raté un qui aurait pu naître un 14 février. Dans ce cas, je n’aurais pas connu Petit Héro. Alors, pour rien au monde, je ne voudrais revenir en arrière. Aucun regret. Le souvenir des souffrances, des tristesses, des attentes, s’est envolé.
C’est peut-être pour ça que c’est si dur de renoncer à ce petit miracle.